Le Mécénat , l’arme utile du capitalisme.

39a32c7f6dbdd6ac8576a5d03228ea09« Le capitalisme philanthropique c’est l’idée selon laquelle le capitalisme est, ou peut être intrinsèquement caritatif. Cette prétention affirme que les mécanismes capitalistes sont supérieurs à tous les autres [particulièrement à ceux de l’état] en ce qui concerne non seulement le progrès économique mais aussi humain ; que le marché et les acteurs du marché sont ou devraient être les créateurs principaux de la bonne société ; que le capitalisme n’est pas le problème mais la solution à tous les principaux problèmes du monde ; que la meilleure chose à faire est d’étendre le marché aux processus actuellement privés ou étatiques ; et, finalement, qu’il n’y a pas de conflit entre les riches et les pauvres, mais que le riche est plutôt le meilleur et probablement l’unique ami du pauvre. » – Mikkel Thorup – Pro bonno ?

Le capitalisme ne cesse jamais d’innover pour convertir, certains diront corrompre, toutes les bonnes intentions en vertu consumériste. « Consommer vert pour sauver la planète » , comme si les problèmes de réchauffement climatiques étaient liés à un défaut de bonne consommation, et non à un problème de sur-consommation. « Consommer rouge pour lutter contre le sida »(1apple voit rouge), comme si la consommation pouvait résoudre les plus grands problèmes de santé publique. Le capitalisme se propose de faire de nous de bons citoyens vertueux, mais à condition de bien acheter la camelote. Parce que le monde de l’entreprise sait qu’à la fin de l’année c’est le bilan comptable qui intéresse les actionnaires. La philanthropie de façade est un formidable moyen de vendre plus.

Alors qu’elle est la place du mécénat dans cette mascarade productiviste, dans cette lutte pour la compétitivité ? En France, les entreprises peuvent investir dans différents secteurs d’activités et sous diverses formes : Le sport, l’art, le social, la santé, la culture/patrimoine, l’éducation, la recherche, l’environnement. Le législateur a fixé les règles. Le mécénat peut être financier, en nature (prêt de locaux) ou en compétences (prêt de salariés). Tous les secteurs d’activités jusqu’alors réservés à l’organisation de l’état sont à porter des mains « invisibles » de l’entreprise. Le mécénat d’entreprise permet un allégement fiscale de 60% des sommes investies. La part de l’investissement ne doit pas dépasser 0,5% du chiffres d’affaires.

Aujourd’hui cela représente 159 000 entreprises en France pour un budget de 2,8 milliards d’euros, c’est en progression constante depuis les lois sur l’allégement fiscale. Le mécénat a le vent en poupe.

Derrière le discours marketing bien huilé se cache le plus souvent de véritables stratégies commerciales et mécanismes d’évasion fiscale, le « marché » de l’art en est la plus criante. Sous le masque philanthropique, les plus grandes fondations s’introduisent dans tous les aspects de la vie sociétale pour en (re)définir les codes. Mais voilà, les faits sont têtus, les 85 individus les plus riches gagnent plus que les 50% des plus pauvres du monde. La philanthropie ne cherche absolument pas à remédier à cette obscénité.

Mais, le mécénat souligne un autre effet et celui-ci bien plus délétère : La gouvernance. C’est prêt de 3 Mds d’euros en France qui échappe à une redistribution équitable et démocratique. Là ou l’état devrait être présent, l’entreprise entre par la petite porte et pas avec les mêmes objectifs. Car dans un monde capitaliste libéral bien ordonné, c’est le profit qui guide les investissements et s’oppose au bien commun. C’est une reprise en main autoritaire, la gouvernance d’une oligarchie financière qui compte bien prendre tout ce qu’un état aujourd’hui consentant lui a autrefois nationalisé.

Quand à Saintes ! Et bien le mécénat est maladroit et lorsqu’il se manifeste, il est le reflet d’une politique peu éclairée. Dire que l’action sociale coûte cher à la ville, c’est vouloir dissocier la notion de Ville de ses Habitants. Voir la ville par le petit bout étroit de la lorgnette comptable et l’apanage des esprits Thénardier. Il est donc logique que M. Machon pense que l’investissement dans le secteur social n’est pas la prioritaire de sa ville. Dans une logique libérale on aurait pu imaginer un mécénat privé pour financer l’action sociale, mais il est des hommes à l’âme naine qui non content de récupérer leurs précieux deniers se réjouisse du mal qu’il produise. Machon ne veut pas lâcher le flambeau de l’action sociale il veut l’éteindre.

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